"Pour trois couronnes"... c'est apparemment le récit mythique qui circule de port en port, depuis la nuit des temps : des maris stériles demandent à un jeune marin de féconder leur femme, masquée, contre une forte rétribution. Voilà le départ du livre; s'ensuit la quête de la vérité. L'auteur excelle à dérouler les fils du romanesque à partir de la révélation des premières pages, et de faire du secret (et de ces conséquences), le thème central de livre. Un roman très subtil.

Cette nouvelle biographie de Michel Winock est passionnante. Il faut dire que c'est un genre où il excelle ! Déjà avec Clémenceau, puis avec Madame de Staël, il nous avait conquis. Avec celle-ci, nous apprenons encore beaucoup sur Flaubert et l'époque grâce à une documentation très détaillée sans être jamais pesante, des citations nombreuses et appropriées. Les extraits de l'oeuvre de Flaubert sont largement utilisées, toujours à bon escient, et nous font relire les meilleures pages de l'ermite de Croisset. Par exemple : sur le métier d'écrivain "On me verra fiacre avant de me voir écrire pour de l'argent", les femmes : "Quant à l'amour, je n'ai jamais trouvé dans ce suprême bonheur que troubles, orages et désespoirs ! La femme me semble une chose impossible. Et plus je l'étudie, moins je la comprends." ou la politique :"89 a démoli la royauté et la noblesse, 48 la bourgeoisie et 51 le peuple. Il n'y a plus rien qu'une tourbe canaille"
On ne s'ennuie pas une seconde tout au long de ces 467 pages...

Après le très beau et glacial "Entre terre et ciel", le romancier Islandais Stefansson nous offre encore ici un roman plein de poésie au milieu de la terre hostile islandaise. Nous retrouvons Jens le postier, la belle Helda, Kolbeinn l'aveugle et surtout "le gamin" qui fait ici son apprentissage de la vie. Beaucoup de chaleur et d'humanité dans ces terres réputées dures et froides, dans un hymne à la nécessité de la littérature pour vivre.

Se promener avec Jean-Paul Kauffmann est toujours instructif. Grâce à lui, nous portons déjà un regard différent sur la Courlande, sur le tableau de Delacroix dans l'église Saint-Sulpice... Cette fois-ci, c'est sur les bords de Marne et de son histoire qu'il nous emmène. Un prétexte aussi, bien sûr, pour nous parler d'autre chose, de la France loin de Paris, de la France dont on ne parle jamais, la France silencieuse et quelques-uns de ses grands hommes.

Les huit nouvelles de ce recueil sont d'une grande sensibilité. Si le kibboutz Yikhat, en Israël, en est le fil directeur, il est surtout question d'amour, d'amitié et de solitude.
Beaucoup d'émotions au fil de ces 157 pages...