Personnage principal du précédent roman de Martin Suter (Allmen et les libellules), revoilà Jonathan Friedrich von Allmen, unique héritier d'une richissime famille suisse, il ne sait vivre que sur un grand train. Etudiant flemmard international dans sa jeunesse , il mène une vie de riche oisif, amateur et collectionneur d'art, surtout l'art nouveau. Un revers de fortune dû à de mauvais investissements le pousse à ouvrir un cabinet spécialisé dans la recherche d'oeuvres d'art volées, Allmen International Inquiries. Il va s'agir dans ce roman palpitant de retrouver un diamant rose d'une valeur de 45 millions de francs suisses dérobé à son propriétaire. Mais plus que l'enquête, tout l'intérêt du livre se trouve dans le style très concis de l'auteur, son humour pince-sans-rire, sa description de la haute finance internationale (avec ses flash crash et autre trading haute finance) et aussi et surtout, la relation très spéciale entre Allmen et son majordome et complice Carlos, un sans-papiers sud-américain qui le sort de toutes les situations délicates. Au total, un tableau ironique d'une certaine société suisse...

Le principal protagoniste de ce roman à tiroir est... un bureau ! D'une construction irréprochable, quatre récits se répondent. A New York, Nadia doit rendre le bureau où elle écrit ses romans à sa prétendue propriétaire ; à Londres, Lotte va mourir et laisse un lourd secret à son mari ; dans le monde entier, Weisz, antiquaire, traque les biens juifs spoliés, et à Jérusalem, Aaron écrit une lettre bouleversante à son fils qu'il n'a jamais compris. Les routes et les destins se croisent pour construire un roman magistral, de haute tenue littéraire. Où il est question d'amour, de rupture, d'abandon, de la quête de soi... avec comme fil conducteur, ce bureau à la longue histoire.

Irlande, milieu du XIXème siècle : la vie est dure pour la famille de Coll Coyle, métayers au service de riches propriétaires. Lorsque Coll tue accidentellement Hamilton, le fils du propriétaire, il se voit obligé de fuir sa maison, sa femme et son enfant pour échapper à la mort certaine que lui réserve le terrible Faller, homme de main du père de la victime. La course- poursuite engagée en Irlande se poursuivra jusqu'en Pennsylvanie aux Etats-Unis, sur les chantiers des tout nouveaux chemins de fer.
Sous des cieux toujours gris et des paysages hostiles, Coll réussira-t-il à échapper aux tueurs à ses trousses ? Le suspense est intense jusqu'au bout...et vous n'oublierez pas de sitôt le froid rictus de Faller, homme cruel et sans pitié. Et l'écriture est splendide.

Nous sommes en l'an 500 ap. JC. En trois chapitres, trois voix nous racontent le Haut Moyen-Age : Cassiodore, général romain au service de Theodoric, Theolinda, première reine lombarde d'origine germanique, et Léandre, moine d'Hispanie. François Taillandier fait remarquablement revivre cette époque charnière méconnue : la chute de l'Empire Romain d'Occident bien sûr, mais aussi, l'installation des Lombards en Italie, les débuts du monachisme et de l'Eglise Romaine, ou comment les moines ont assuré la transmission du savoir et de la pensée grecque et romaine à la Gaule, posant ainsi les fondements de notre civilisation européenne. Nous croisons également Boèce et sa "Consolation de la philosophie", Benoît de Nursie, Zénon, Justinien...autant d'acteurs de ces temps obscurs et pourtant fondateurs.

Dans cet excellent roman historique, François Taillandier poursuit son exploration du Haut Moyen-Age. Après "L'Ecriture du monde", relatant les années 500 après JC, voici les années autour de 630. C'est la fin de la dynastie des Mérovigiens qui se livrent à des luttes intestines sans fin, affaiblissant le royaume; ils laisseront la place aux Pépénides, voués à un longue et prestigieuse lignée. C'est aussi et surtout, l'arrivée d'un certain Mahomet qui va bouleverser tout le bassin méditerranéen en un temps record et changer les rapports de force entre Byzance et la Perse.
Comme dans le premier volume, François Taillandier nous fait entendre au plus intime, les voix de l'empereur Héraclius, de Dagobert, Perclude, Charles Martel, Frédégaire ... comme si nous y étions ! Une grande réussite pour mieux comprendre cette époque mal connue.