Jean T.

https://lecturesdereves.wordpress.com/

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Conseillé par (Libraire)
15 novembre 2013

Pour voir clairement les choses...

Cet ouvrage répond à 88 affirmations qui jettent un doute sur les réalités de la pauvreté ou qui dénigrent les modes vie des personnes en situation de pauvreté.
De "La définition du taux de pauvreté est artificielle" à "On donne déjà beaucoup aux banlieues" en passant par "Les pauvres coûtent cher", "Les sans-abri ne veulent pas travailler", "On ne vit pas trop mal avec le RSA, sans oublier "Si on veut travailler, on trouve" et "Les immigrés prennent les emplois aux Français", l'ouvrage répond clairement à ces affirmations de ceux qui n'ont sans doute jamais côtoyé un pauvre. Les arguments sont solides, les chiffres sont incontestables.

C'est un ouvrage d'hygiène mentale et civique, qui remet les choses à leur place. Car les pauvres sont des gens normaux, qui ont des problèmes et des idéaux comme nous tous, qui ont souvent, aussi, des compétences inemployées. Ils ne méritent pas les regards gênés ou méprisants. Ils ont avant tout besoin de notre respect et de notre humanité.

9,90
Conseillé par (Libraire)
10 novembre 2013

Une atmosphère...

Dans la lointaine et froide Laponie, un tambour traditionnel est volé dans un centre culturel. Dans le même temps, Mattis, un éleveur de rennes, est assassiné. Ses oreilles sont tranchées, comme on tranche les oreilles des rennes. Dans la ville de Kantokeino, il y a deux membres de la police des rennes, Klemet Nango, un sami, et Nina Nansen, une jeune femme du sud de la Norvège. Cette brigade transfrontalière a autorité sur tout ce qui concerne les rennes et leurs éleveurs. Elle va enquêter sur ces deux affaires et, très rapidement créer des tensions, réveiller des affaires enfouies. Elle gêne Karl Olsen, un gros propriétaire et politicien pas vraiment honnête, Rolf Brattsen qui hait les sami, Olaf Renson, le sami activiste qui sait se faire voir dans les médias, le pasteur protestant fondamentaliste qui eut sauver les lapons de l'alcool. Chacun aurait des raisons d'être l'auteur du vol et/ou du crime. Il y a aussi le géologue français amateur de jeunes filles, qui connaît bien la région et qui a intérêt à ce qu'on l'oublie.
Et il y a Aslak, le lapon qui vit à l'ancienne, avec son petit troupeau de cinquante rennes qu'il visite à skis, ses chiens, sa femme malade qui ne quitte jamais le gumpi. Il est à la fois respecté et craint.

L'enquête se révèle complexe et l'intrigue solide tient son lecteur en haleine jusqu'au dernier moment. On découvre un territoire méconnu, une nature encore indomptée, l'histoire et la richesse de la culture sami, mais aussi sa fragilité face à la modernité, à la tentation du confort et de la richesse, la lutte pour l'autonomie politique. Sans insistance mais avec fermeté, Olivier Truc montre le danger de la richesse minière et les luttes ethniques. Il nous baigne dans l'atmosphère des grands espaces glacés et des aurores boréales, des longs trajets en scooter des neiges.
L'auteur vit à Stockolm depuis près de vingt ans. Journaliste, il connaît bien la région et dans ce roman policier ethnique, nous en fait découvrir dureté et la sauvagerie du climat, la nuit polaire et la beauté blanche. C'est très beau !

En écho, on pourra lire les enquêtes de Joe Leaphorn et Jim Chee, de la police tribale navajo, dans les romans de Tony Hillerman, publiés par les éditions Rivages.

Chronique d'une immense casse sociale

Monique PINÇON-CHARLOT, Michel PINÇON

Zones

Conseillé par (Libraire)
4 novembre 2013

L'écrasement des classes populaireses riches...

La violence des riches, c'est toutes ces petites et grandes décisions d'une petite élite qui entretiennent la misère ou peuvent y jeter des familles
La violence des riches, c'est la tolérance de la fraude fiscale par le monde politique de gauche comme de droite, c'est les usines que l'on délocalise pour maintenir le niveau des dividendes à deux chiffres versés aux actionnaires, c'est les inventions financières, c'est la frivolité civique et la rapacité des banques, c'est les volte-faces des politiques lorsqu'ils se font recadrer par les dirigeants des grandes sociétés, c'est la timidité des lycéens que les deux sociologues accompagnent avenue Montaigne.
A la lecture, ce qui étonne, c'est l'exposé des divers déficits du pays en regard des manœuvres d'optimisation et de fraude fiscale. Pour que nous ne nous révoltions pas, il faut que le langage soit manipulé, corrompu pour que les dominants puissent nous faire gober que la "flexisécurité" et la "croissance négative" sont des progrès.
La lecture de l'ouvrage est dérangeante, certes, mais elle oblige à un dessillement, à la lucidité quand bien même on est paralysé face au "bourgeoisisme", au "richisme" ou à "l'oligarchisme" du Who's Who.
C'est un livre accrocheur, qui choque parce que c'est un livre de combattants qui ont pris le parti des gens du peuple. C'est un livre d'enquêtes qui appelle à la colère.

En écho, on pourra lire l'essai d'Hervé Kempf, "Comment les riches détruisent la planète, (Points, série essais, n° 611 ou en livre numérique).

Enquêtes, reportages et documentaires en bande dessinée

Futuropolis

Conseillé par (Libraire)
28 octobre 2013

Prometteur

Une revue dessinée documentaire, c'est peu fréquent. C'est pourtant un bon outil d'information et de vulgarisation, surtout quand la qualité du graphisme est au rendez-vous.
J'ai tout aimé, mais plus particulièrement :
- La séquence sur Le Prix de la terre, prix qui peut comporter un droit de reprise appelé "arrière-fumure" si élevé qu'il rend impossible l'installation de jeunes et nouveaux agriculteurs.
- L'histoire des Pionniers du gaz de schiste, dont j'ignorais que la technique a été inventée en 1947.
- L'enquête sur les Marins d'eaux dures qui vont à la rencontre des scientifiques installés sur les îles des mers australes.
Vivement le numéro 2 !

20,90
Conseillé par (Libraire)
28 septembre 2013

Etre ou paraître ?

Les trois personnages se sont inventés des vies et des identités qu'ils subissent. Même Sam Tahar à qui tout semble réussir. Mais un grain de sable va perturber sa réussite et tout remettre en cause.
Ce roman est très moderne en ce qu'il critique la course à la réussite à tout prix, l'argent et l'apparence comme valeurs suprêmes, la dissimulation et la duperie pour la satisfaction de ses ambitions, la honte d'une humble condition. C'est un roman sur l'identité troublée, sur les valeurs, sur la vérité bafouée, sur notre société trop méfiante. Le rythme est rapide, les rebondissements nombreux, les situation extrêmes sans que le roman cesse d'être plausible. L'écriture est soignée avec des particularités réussies.
Un grand roman attachant qui aide à aiguiser notre regard sur un monde qui n'est pas tendre et qui ne plaide pas pour la réussite à n'importe quel prix. J'ai beaucoup-beaucoup aimé !