France M.

Conseillé par (Libraire)
8 octobre 2015

Des morts en sursis avec qui l'on peut encore communiquer, un monde ultra-capitaliste où il faut payer pour tout, y compris pour ouvrir la porte d'entrée de son appartement, et ces personnes dotées de pouvoirs psioniques (télépathes, précognitifs) à qui s'opposent les « anti-psis », capables d'annuler les talents des psis : c'est le monde d'Ubik.

Joe Chip, le personnage principal, travaille pour Glen Runciter, dirigeant d'une entreprise qui engage ces « anti-psis ». Il est envoyé, lui, son patron et toute une équipe en mission sur la Lune, où l'on soupçonne qu'une entreprise a été infiltrée par des psis. Le tout se révèle un piège, agrémenté d'un attentat. L'équipe fuit la planète en emportant leur patron mourant. Et c'est là que tout dégénère autour d'eux : la navette, âgée de quelques années, comporte des éléments datant de plus de dix ans ; le café qu'on leur sert sur Terre est moisi comme s'il datait de plusieurs années ; les appareils technologiques de la maison de Joe se transforment peu à peu en matériel désuet ; il entend la voix de son patron mourant au téléphone, et découvre que son visage apparaît sur les pièces et les billets de banque… L'histoire nous emmène de suppositions en suppositions à travers un monde profondément troublant.
Philip K Dick est un monument parmi les auteurs de science-fiction. Blade Runner, Total Recall, Minority report, A scanner darkly,… on ne compte plus les films adaptés de ses œuvres. Ubik fait partie de ses livres les plus encensés par la critique, et à raison. On y retrouve les thèmes favoris de l'auteur (les mondes parallèles, les pouvoirs psioniques, la critique de la politique, des thèmes religieux et mystiques), ses interrogations (« Qu'est-ce que la réalité ? »), le tout dans un style impeccable. Ubik est probablement l'un des plus aboutis des romans de l'auteur. À lire absolument.

Folio

Conseillé par (Libraire)
30 août 2015

Rêve de fer est avant tout un livre dans le livre : passée l'introduction, on trouve la page de titre du livre Le seigneur du Svastika, livre qu'aurait écrit Hitler si, écœuré par la défaite allemande de 1918, il avait émigré aux États-Unis et y était devenu un écrivain de SF à succès.

Le livre est difficile à lire, non pas parce qu'il est mauvais, mais parce que l'auteur a très bien su se placer dans la tête d'Hitler. On assiste à des descriptions à n'en plus finir de défilés de SS, flamboyants dans leurs uniformes de cuir, ainsi que de batailles sanglantes, écœurantes, mais qui semblent délectables pour le personnage principal dont on suit le point de vue à la première personne. On ne compte pas non plus le nombre de fois où le mot « pur » et ses dérivés apparaissent.
Le scénario en lui-même tient bien de la SF : le monde est un univers alternatif, où, au début de l'histoire, l'essence est rare et la meilleure technologie reste la machine à vapeur ; l'ennemi est ici une peuplade de mutants et de « Doms », créatures capables de soumettre à leur volonté les personnes proches d'eux. On fera les analogies qu'on voudra. Plus loin dans le roman, la folie prend le pas dans la rédaction, et on part dans des délires de clonage et autres avancées technologiques encore (presque) impensables à notre époque.
Pour conclure le livre, une (fausse) postface explique ce qu'est vraiment le monde dans lequel a été écrit le roman, ainsi que la vie de l'auteur. Elle est finalement la véritable chute de l'histoire, et rien que pour en arriver à ce passage, la lecture vaut le coup.

Ce livre est laborieux à lire et laisse derrière lui un gros malaise, mais il est avant tout une dénonciation du nazisme. On en sort retourné, écœuré, et c'est justement le but voulu. Roland Wagner, dans sa (réelle) introduction, le dit très bien lui-même : il agit comme un vaccin et permet de prendre conscience du terrifiant lavage de cerveau et de cette épouvantable implantation de mèmes de haine qui ont eu lieu en Allemagne.

Conseillé par (Libraire)
1 août 2014

Absolument génial !

India est schizophrène. Pour tenter de comprendre son histoire, elle écrit un récit autobiographique. Car son histoire est étrange : obsédée par un tableau , "La fille qui se noie", elle rencontre par hasard sur le bord de la route une femme qui ressemble trait pour trait au modèle du tableau. Mais l'a-t-elle vraiment rencontrée ? Ou, comme elle le dit, l'a-t-elle rencontrée pour la première fois - deux fois ?
Le récit est perturbant, de par sa forme et la manie que la narratrice a à parfois parler d'elle à la troisième personne au lieu de la première. Par son histoire aussi. Les détails s'accumulent, ne concordent pas entre eux. Qu'est-ce qui est réel, et qu'est-ce qui ne l'est pas ? A quel moment la narratrice tombe-t-elle dans un profond délire ? Et quand on croit toucher du doigt la vérité, quand des éléments concrets semblent confirmer une théorie ou une autre, voilà que le fantastique s'immisce à nouveau dans le récit...
On ne peut pas se fier à la narratrice, et c'est peut-être tout ce qui fait le charme fou de ce roman : des éléments concrets et fantastiques qui s'entrechoquent, un livre qui oscille entre imaginaire, réel, atmosphère onirique et folie pure. Prenant jusqu'à la fin : un tour de maître qui mérite d'être découvert.

De la gouttière

10,70
Conseillé par (Libraire)
23 mai 2014

Dans une ville touchée par l'étrange mal qu'est la "rabougrite", Barnabé est le seul qui résiste à la maladie. Il possède d'ailleurs le dernier spécimen de "bouquinier", un arbre où poussent des livres. Peut-être pourra-t-il, grâce à lui, guérir la vile ?

L'ouvrage est tout d'abord destiné aux enfants, mais n'importe quel adulte aimant un tant soit peu la lecture peut également l'apprécier. Dans Kirouek, les livres sont les seuls à pouvoir, littéralement, apporter un peu de couleurs à la ville. Les dessins sont soignés, les personnages expressifs, et les contrastes entre la ville grise et le monde coloré de Barnabé sont très bien rendus.

Un conte simple mais plein de charme, une véritable ode à la lecture qui en ravira plus d'un.

Conseillé par (Libraire)
22 avril 2014

Parce qu'il est le premier homme à vouloir mesurer le temps, Dor s'attire le courroux des Dieux et est emprisonné dans une caverne durant 600 ans. Puis on lui demande de secourir deux personnes : Sarah, souffre-douleur de son lycée qui désire mettre fin à ses jours, et Victor, homme d'affaire richissime qui rêve d'accéder à l'immortalité. Deux êtres que tout oppose, que ce soit leur vie ou leur notion du temps (« l'un veut trop de temps, l'autre pas assez »). Dor, pour les sauver et se sauver lui-même, doit leur apprendre la vraie valeur du temps.
Les deux personnages principaux que sont Sarah et Victor n'ont rien de héros, n'ont pas de super-pouvoirs, ni ne doivent sauver le monde. Ce sont des êtres humains simples, confrontés aux problèmes de la vie (le rejet, la maladie) et auxquels on n'aura aucun mal à s'identifier. Si Dor peut paraître vaguement moins humain, il n'en a pas moins une histoire et un passé qui le rendent attachant. Et malgré la simplicité (volontaire) du style, les sujets abordés sont profonds, les réflexions soulevées par l'ouvrage nombreuses. Mitch Albom nous présente ici un véritable conte moderne, revisite certains mythes classiques (la tour de Babel) ou modernes (la cryogénisation, l'immortalité) et nous fait inévitablement nous interroger sur notre propre rapport, non seulement au temps, mais aussi à la vie.
Un livre plein de charme et de poésie.