Le Tour d'écrou est un chef d'œuvre s'ouvrant sur une scène héritée du romantisme : un récit d'apparitions fantomatiques au coin du feu mais c'est au plus profond de l'esprit de l'homme que nous plongeons. Nous suivons une jeune femme, dont le nom nous reste inconnu, qui devient la nouvelle gouvernante de Flora et Miles, deux jeunes enfants vivant seuls avec leur intendante, Miss Grose. Très vite, des événements étranges et troublants viennent perturber la vie au vieux Manoir. De souffles rauques dans la nuque aux frôlements inquiétants, notre jeune gouvernante sombre dans la terreur. Mais le doute subsiste : apparitions fantomatiques ou divagations d'un esprit dérangé ? Le lecteur se retrouve alors à devoir choisir entre accepter le fantastique ou plonger dans les méandres de l'esprit pervertis.
A couper le souffle !

Ce roman est le récit de retrouvailles entre deux amis après une séparation de quarante-et-une années autour d'un repas puis d'un verre près du feu. Au fur et à mesure, les langues se délient et sont alors évoqués les souvenirs et les raisons de la séparation amicale. L'auteur, dont l'écriture est proche de l'univers de Zweig, nous offre un texte vibrant d'intensité. Ce huis-clos psychologique s'illustre par une longue conversation qui divague faisant monter la tension dramatique ; retirant progressivement les couches qui cachent la vérité, Sandor Maraï nous mène ainsi à la confrontation finale. Somptueux !

La Prière des oiseaux est le récit d'un éleveur de volailles au cœur du Nigeria qui sauve la vie d'une magnifique femme, Ndali, qui a tenté de se précipiter d'un pont. C'est alors le début d'une histoire d'amour tragique. Tragique parce qu'ils ne viennent pas du même monde, elle est issue d'une famille riche, lui a arrêté ses études il y a bien longtemps. Les parents de la belle Ndali feront tout pour humilier Nonso, malgré cela il n'en démordra pas et reprendra ses études pour tenter de gagner la bénédiction des parents de sa belle, ce sera là le début d'une descente aux enfers.
Bribes par bribes nous est dévoilé le récit de ces deux amants, récit conté par le Chi de Nonso, un esprit protecteur qui fait partie de son "hôte".

A travers la mythologie Igbo, nous est offert un récit poétique, tragique, merveilleux et simple à la fois.

Crazy Brave est le récit autobiographique de Joy Harho, féministe et poétesse.
Joy Harjo est née d'un père d'origine Muscogee Creek et d'une mère Cherokee.
Joy décrit son père comme l'eau, mouvant, et sa mère comme la terre, solide, stable. Son père l'abandonnera à l'âge de 8 ans pour être remplacé par un beau-père "blanc" sadique et violent qui deviendra leur prison.
Elle nous raconte l'effet libérateur de son adolescence lorsqu'elle fuit le joug de ce beau-père pour l'institut des Arts indiens en pleine période hippie. Ce sont là ses débuts de jeune artiste engagée dans la renaissance des peuples amérindiens : théâtre, poésie, écriture puis musique lui permettront de se construire et de trouver sa voie.

Dans cet engagement intégrant spiritualité, traditions et lutte pour les droits des Amérindiens mais aussi des femmes, elle y puisera la volonté de vivre.

C'est un merveilleux témoignage et le message de tout un peuple que l'auteure porte avec fierté !

Un texte splendide qui nous narre le voyage d'un jeune homme, Jan Krutz, vers le Congo belge, pour suivre la route de l'or blanc : les défenses d'éléphants.
En cherchant à y faire fortune, il se retrouvera confronté, non pas à l'image stéréotypée du "sauvage" mais à l'horreur de la colonisation et de l'hypocrisie des colons.
Petit à petit, ce texte qui n'est pas sans nous rappeler "Au cœur des ténèbres" de Conrad glisse vers l'univers d'HP Lovecraft avec la poésie d'Edgar Allan Poe.
Horreur de la jungle ou hallucinations ?
C'est un texte qui murmure à notre oreille pour nous plonger dans une mise en abîme de la colonisation.