sandrine57

Lectrice compulsive d'une quarantaine d'années, mère au foyer.

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26 septembre 2012

Après dix années de vie commune et deux petites filles, Antoine Duhamel s'ennuie avec Alice. Aussi quand il rencontre par hasard une femme plus belle, plus jeune, plus mince, plus libre, il n'hésite pas très longtemps. Pour Lara, il plaque tout. Une nouvelle vie commence mais elle est bien loin de l'idéal de liberté qu'il s'était imaginé.

Xavier de MOULINS m'avait enchantée avec Ce parfait ciel bleu, c'est donc sans hésitation que je me suis précipitée sur son premier titre. J'y ai donc retrouvé Antoine Duhamel, ses doutes, ses lâchetés, ses contradictions, ses espoirs.
Après l'euphorie de la liberté retrouvée, voilà Antoine confronté à sa solitude, aux contingences matérielles et surtout à ses filles, qu'il avait plus ou moins négligées jusqu'ici. Au fur et à mesure de son installation dans cette nouvelle vie, il découvre qu'Alice n'était pas seulement l'épouse trop grosse et trop autoritaire qu'il ne désirait plus. Non, Alice était aussi cuisinière, banquière, gestionnaire du quotidien et maman. Sans elle, il fait l'apprentissage de l'indépendance et du métier de père. Ses filles, ces inconnues qui partagent désormais sa vie une semaine sur deux, vont faire de lui un père, imparfait certes, mais enfin concerné. Ses maladresses sont tout aussi touchantes que son évolution vers l'équilibre nécessaire entre ses problèmes d'adulte et leurs besoins d'enfant.
Même si les idées et l'écriture semblent moins abouties -faiblesse du premier roman, sans doute- j'ai retrouvé dans ce livre les fines descriptions des petites choses de la vie, les petites phrases géniales, la lucidité, l'ironie désabusée de Xavier de MOULINS qui décidément a su me charmer par deux fois. Un auteur à suivre, sensible, touchant, drôle et dans l'air du temps.

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26 septembre 2012

Einar, reporter pour le Journal du Soir de Reykjavik, a été prié, par sa hiérarchie, d'aller soigner son alcoolisme et son sale caractère en province. Le voilà donc à Akureyri, dans le nord de l'Islande pour y ouvrir une antenne locale. Dans son exil, il est accompagné par Joa, une sympathique photographe et par Asbjörn, plus ou moins répudié lui aussi et en tout cas déchu de son poste de rédacteur en chef. Pour Einar, le choc est rude: il a laissé sa fille dans la capitale, il déteste travaillé avec Asbjörn, il se défend de boire une goutte d'alcool et il s'ennuie dans une région plutôt calme. Réduit à rendre compte d'évènements banals, comme les bagarres alcoolisées du samedi soir ou le spectacle théâtral monté par les élèves du lycée, Einar tourne en rond. Pourtant, deux faits divers vont le sortir de sa torpeur: le décès accidentel d'une femme lors d'une excursion d'entreprise et la disparition inquiétante de Skarphedinn, le jeune homme qui tenait le rôle titre dans "Loftur le sorcier", la pièce choisie par le lycée.

Quels sont les évènements qui ont amené Einar à cet exil forcé? Que s'est-il passé avec sa fille lors de leurs dernières vacances à l'étranger? Pourquoi Einar a-t-il décidé d'arrêter de boire? Toutes ces questions (et bien d'autres) ne trouveront pas de réponse dans ce livre puisque l'éditeur a décidé, sans me consulter, de publier le quatrième roman de la série, faisant fi du passé d'Einar et du respect du lecteur. Je râle surtout pour le principe puisque finalement cela ne gêne pas trop la lecture. Je cueille Einar au départ de sa nouvelle vie et c'est à partir de là que je vais désormais le suivre. Assidûment qui plus est! Parce qu'Einar est le genre de personnage que j'aime particulièrement, caustique, sarcastique, jamais avare d'un bon mot, quitte à blesser son interlocuteur. Adepte de l'humour un peu vachard, le journaliste savoure spécialement les coups de fil de son nouveau rédacteur en chef qu'il aime remettre à sa place. Mais derrière son flegme désabusé, Einar est aussi un coeur tendre sensible au chagrin d'une mère qui a perdu sa fille, à celui d'un frère en deuil et même, à son corps défendant, enclin à revoir son jugement sur son collègue Asbjörn. D'autant que le brave homme est l'ami d'enfance du commissaire de la ville, source potentielle d'informations.
Mais outre des personnages bien campés et un humour certain, Arni THORARINSSON nous fait aussi découvrir une autre Islande, une île qui, bien qu'isolée, n'est pas épargnée par la mondialisation et ses conséquences souvent néfastes, une nation qui oscille entre xénophobie et intégration, une société partagée entre modernité et traditions, entre le matérialisme et la magie.
J'ai donc passé un excellent moment avec cet écrivain que je découvre et que je compte relire dès que possible.

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26 septembre 2012

Hypocondriaque, stressé, capricieux, geignard, peureux,velléitaire, bordélique -et j'en passe- tel est Augusten BURROUGHS dans toute sa splendeur!
Les meilleurs d'entre nous le plaindront, les plus cyniques le détesteront...mais tout n'est pas aussi simple! Augusten est sauvé par un humour ravageur et un sens aigu de l'auto-dérision qui font de ces chroniques un délicieux moment de lecture.


Faut dire qu'il en faut de l'humour quand on a grandi dans la famille Burroughs! Avec une mère artiste peintre parfois,maniaco-dépressive toujours, un père distant, indifférent au point de se laisser insulter par ses enfants sans broncher et un grand frère autiste génial, mégalomane et pervers, il en a fallu du courage à Augusten pour survivre. Alors si il était un enfant terrorisé par la petite souris, un petit rebelle prêt à tout pour être noir, un gamin odieux avec sa grand-mère mais amoureux fou d'une dermatologue grande brûlée, et, plus tard un adulte alcoolique, drogué, accro au Macdo, publicitaire faute de mieux et vivant dans un appartement envahi par les ordures...et bien c'est un moindre mal! D'autant qu'il garde toujours une certaine distance, une conscience de ses faiblesses, une ironie pince-sans-rire qui lui permettront de sortir de son marasme, de trouver une sorte d'équilibre grâce à l'écriture et à l'amour de Dennis, homme solide et réconfortant, prêt à canaliser ses débordements et à tolérer ses manies. Admiré par ses lecteurs, aimé par Dennis, entouré de ses chiens, Augusten reste un doux dingue, certes, mais ça aurait pu être pire!
"Mes amis, mes amours, mes emmerdes" et ma famille, sous la plume de BURROUGHS, donnent un cocktail détonant à lire sans modération!

22,00
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26 septembre 2012

Que fait un père après la mort de sa fille?
Il remonte le fil du temps, se remémore son enfance, ses parents, sa vie.
Il repense à sa femme, la seule, l'unique, celle qu'il a trompée, trahie, mais qui lui a pourtant fait le cadeau de cette enfant.
Il revoit toute sa vie, sa carrière, ses succès, sa musique, ses priorités, ses dérives, ses choix, ses erreurs.
Il se sent coupable de l'avoir mal aimée, de n'avoir pas su la protéger, d'avoir permis que l'inimaginable se produise.
Il pleure, il crie, il hurle, il lui parle une dernière fois et invente ses réponses.
Il réclame vengeance et fourbit ses armes pour tuer de ses mains celui qui a commis l'irréparable.

Que fait un homme après la mort de sa fille?
Il en crève tout simplement, rattrapé par son passé, par ses erreurs, par ses démons, par la vie qui n'est plus possible sans elle.

L'histoire sans fards d'un homme qui se met à nu pour une dernière explication avec sa fille.
Un livre coup de poing, écrit avec le coeur, avec les tripes.
C'est beau, c'est fort, c'est triste, c'est à lire.

roman

Éditions Jacqueline Chambon

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26 septembre 2012

En 1962, à Jackson, Mississippi, il est de bon ton d'avoir, à domicile, une domestique noire, pour faire le ménage, la cuisine et s'occuper des enfants. Toute famille blanche et bourgeoise qui se respecte se doit d'employer une de ces perles rares et aussi de posséder, à l'extérieur de la maison de préférence, les toilettes qui lui sont destinées. Parce que les bonnes noires ont beau savoir cuisiner comme personne, connaitre les secrets de la pâtisserie, faire briller l'argenterie et calmer les enfants turbulents, il n'empêche qu'elles transportent avec elles nombre de microbes et bactéries qu'elles pourraient transmettre à leurs patrons blancs en utilisant leurs toilettes, leurs couverts, leurs verres ou leurs assiettes.


Les maîtresses de maison de la bonne société n'ont aucune vergogne à utiliser et exploiter ses bonnes formées dès l'enfance à servir les blancs.
Pourtant, au milieu de tant d'intolérance, de mépris et d'injustices, une petite voix essaie de se faire entendre; c'est celle de Miss Skeeter. Tout juste de retour de l'université, la jeune femme se lasse très vite des tournois de bridge et des parties de tennis. Elle postule donc au journal local et se voit confier la rubrique des arts ménagers. N'y connaissant rien, elle se rapproche d'Abileen, la bonne des Leefolt qui va lui confier tous ses trucs et astuces de bonne ménagère. Mais Miss Skeeter en veut, plus! Son rêve, c'est d'être écrivain et c'est d'une maison d'édition new-yorkaise que va lui venir l'idée d'écrire sur les conditions de vie des bonnes noires à Jackson. Mais ces dernières, méfiantes et apeurées, ne souhaitent pas parler et Miss Skeeter va devoir se montrer persévérante et patiente pour finalement se rallier Abileen, son amie Minny et enfin de nombreuses autres. Ensemble, elles vont secrètement braver les interdits pour écrire un livre-témoignage qui va chambouler la bonne société de Jackson.

Roman à trois voix, La couleur des sentiments porte l'histoire de deux bonnes noires, Aibileen et Minny et d'une jeune fille blanche, Skeeter Phelan.
Aibileen est une femme ronde et douce qui élève des petits blancs depuis bien des années. Elle essaie de leur inculquer le respect de soi et des autres et elle s'empresse de changer de maison dès qu'elle sent que l'école, les parents, la société ont raison de ses enseignements. Elle veut éviter à tout prix de lire le mépris dans les yeux d'un enfant qu'elle a élevé comme le sien. Sa vie, ses bonheurs, ses drames, ses chagrins, elle les laisse sur le pas de la porte de ses employeurs pour n'être plus qu'une bonne obéissante qui subit en silence toutes les humiliations.
Minny est bien différente d'Aibileen! Malgré les soucis que cela lui cause, elle a bien du mal à se taire et à rester à sa place. Réputée pour être difficile, elle trouve de plus en plus difficilement un travail, surtout quand ces dames se passent le mot pour ne pas l'employer. C'est finalement chez Miss Célia, rejetée elle aussi par la bonne société, qu'elle trouvera un engagement.
Miss Skeeter, fille d'une riche famille de planteurs, est différente de ses amies. Elle a choisi de faire des études et de travailler avant même de songer au mariage. Plus libre, plus moderne, plus ouverte d'esprit, elle était très attachée à Constantine, la nounou noire qui l'a élevée pendant 22 ans pour finalement partir sans lui donner la moindre explication. Skeeter cherche la vérité et à travers ce cas personnel, c'est toute la vérité sur la vie des bonnes noires qu'elle va connaitre. Et si lever le voile sur la discrimination et le racisme doit lui coûter un fiancé ou des amies, et bien tant pis! Skeeter veut défendre ce qui est juste.
Armées de leur seul courage, ces trois là vont nous entraîner dans une histoire tendre et émouvante mais non dénué de suspense. Avec elles, on tremble, on rit, on pleure, on se révolte, on se réjouit. Et surtout, on réfléchit...à l'injustice, à la bêtise humaine. 50 ans nous sépare de cette histoire, les choses ont changé, mais pas tant que ça...