Zelda la rouge

Martine Pouchain

Sarbacane

  • Conseillé par
    9 décembre 2013

    Un coup de cœur

    Autant vous l'annoncer d'emblée : j'ai eu un vrai coup de cœur pour ce roman! A tel point que j'aurais voulu le faire durer, pour rester plus longtemps entre ses pages.
    De l'auteur, j'avais déjà lu "La ballade de Sean Hopper" et "Les ostrogoths", qui m'avaient emballée. Aussi, quand j'ai vu ce nouveau roman qui traînait à la médiathèque sur les présentoirs destinés à la jeunesse, je l'ai raflé comme une voleuse. Et à peine rentrée chez moi, je l'ai entamé comme on croque dans une pâte de fruits (artisanale, la pâte de fruit, je précise...)
    Pourtant, avec Zelda la Rouge, on est bien loin du sucre et des confiseries. A 16 ans, elle est paraplégique, et se déplace en fauteuil roulant. La faute à un chauffard qui l'a renversée quand elle avait 10 ans, et qui ne s'est même pas arrêté pour lui porter secours.

    Sa sœur Julie, son aînée de quelques années, ne rêve que d'une chose : trouver le salopard qui a fait ça, et le lui faire payer! Pourtant, Zelda a su trouver en elle l'énergie de dépasser sa paralysie pour retrouver le goût de la vie. Elle est une ado comme les autres, avec ses questionnements sans fin, ses fous-rires - si possible partagés avec les amis - et sa capacité à s'émerveiller du chant d'un oiseau ou d'un légume qui pousse...
    Les deux sœurs vivent dans la maison de leur grand-mère décédée. En compagnie de Kathy, qui travaille dans la maison de retraite où Julie officie aussi comme aide-soignante. Et bientôt de Jocelyn, un homme au bout du rouleau qui retrouve peu à peu goût à la vie. Il faut dire que Julie a des apparitions, des sortes de prémonitions. Ce qui peut aider quand on cherche le co-locataire idéal. Ou bien bien le chauffard qui a condamné sa sœur à la paralysie.
    Je n'en dirai pas davantage. Martine Pouchain a créé pour ses personnages un cocon où le lecteur, lui aussi, se sent bien. Contrairement à Anna Gavalda ou à Barbara Constantine qui frôlent souvent les bons sentiments, voire la mièvrerie, dans leurs livres-doudous, l'auteur brosse ici le portrait de deux jeunes femmes hautes en couleurs, aux partitions inversées. Zelda l'handicapée est bien dans sa peau. Julie se construit dans la haine et le désir de vengeance.

    Autour des deux sœurs, Kathy, Jocelyn, Paul, Baptiste et les autres jouent parfaitement leur morceau : humains, tendres, cabochards et ambivalents à souhait. C'est rugueux et doux, à la fois. Drôle et déchirant, comme un film de Claude Sautet. On est amusé, touché, ému.

    C'est une belle tranche de vie que nous offre ici la plume de Martine Pouchain. Une lecture comme un condensé d'émotions fortes qui marque pour longtemps.

    Vous l'avez compris : un livre à lire, à offrir (les fêtes approchent..) et à faire connaître!