• Conseillé par (Libraire)
    10 mars 2022

    La princesse au visage de nuit, c’est un roman à mi-chemin entre enquête policière et fantastique qui nous entraîne dans les pas d’Hugo. Suite au décès de ses parents, le voilà forcé à retourner dans son village natal, qu’il a quitté précipitamment 20 ans plus tôt alors qu’il était encore enfant, et où il n’avait jamais remis les pieds. Ce voyage fait remonter à la surface ses traumatismes d’enfance, les maltraitances de ses parents, la disparition soudaine de ses deux amis de l’époque. Lorsqu’on découvre que la mort de ses parents n’est pas tout à fait accidentelle, il se met à mener l’enquête avec Anne, une jeune policière et sœur de Sophie, l’une de ses amies disparues.

    L’ambiance du roman est très réussie : le petit village, isolé et silencieux, où les ragots vont bon train, et son château prétendument hanté au cœur de la forêt ; mais aussi et surtout la résurgence de ces peurs enfantines qui fait qu’on oscille constamment au bord de l’irréel : la vieille femme assimilée à une sorcière qui arpente encore les rues, cet homme gigantesque qu’Hugo identifiait comme un ogre lorsqu’il était enfant, le vent qui semble murmurer des prénoms, et cette ombre fantomatique qui hante la forêt. Et il y a également la légende de la princesse au visage de nuit, qu’on prétend morte depuis des centaines d’années, et qui revient selon certaines circonstances pour exaucer les vœux ou emporter les enfants avec elle.
    De la nuit où ses deux amis ont disparu, Hugo n’a aucun souvenir. Le roman alterne en fait entre flash-backs de l’époque – qui viendront éclairer le lecteur au fur et à mesure – et passages de la vie présente, entre l’enquête menée dans le village et les quelques retours d’Hugo à sa vie parisienne agitée - l’occasion de renforcer par contraste la vie isolée au village. Si certains personnages sont peut-être trop peu contrastés, la plupart ont leurs blessures qui permettent d’aborder une foultitude de thèmes sensibles : maltraitances et abus, alcoolisme et dépendance, troubles mentaux… Vous voilà prévenus !

    Le style de David Bry est très fluide, et les chapitres relativement courts : le roman se lit tout seul, et l’habileté de l’auteur dans le déroulement de l’intrigue fait de La princesse au visage de nuit un véritable page turner. En somme, une très belle réussite !