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    2 septembre 2010

    LA MORT DANS L'ÂME (Une aventure de Felix Castor) de Mike Carey

    La quatrième de couv donne le ton: des morts qui reviennent, des âmes en perdition, plus des succubes et des zombies...
    C'est avec une certaine crainte que j'ai démarré cette lecture (n'ayant pas apprécié la lecture de "13 balles dans la peau" de Wellington) . C'était sans compter sur l'humour de Felix Castor, le héros et narrateur, Fix pour les intimes.

    Dès le début le décor est planté et les explications de Fix sont claires:
    ***"Aujourd'hui encore, un tas de gens meurent et restent morts: ils partent en randonnée à travers des contrées inexplorées, s'évaporent comme par magie, ou vont s'asseoir à la droite du bon Dieu sapés de pyjamas blancs immaculés, ou je ne sais quoi. Mais un tas bien plus nombreux suivent un autre chemin: ils se réveillent dans l'obscurité de leur mort et se redirigent vers la lumière du monde qu'ils viennent de quitter, la seule direction qu'ils connaissent. Le plus souvent, ils reviennent sous forme d'écho visuel de leur ancien ego, sans substance, ni masse, ni poids: on les nomme alors "fantômes". Parfois, ils réintègrent leur propre cadavre qu'ils animent: on parle dans ce cas de "zombies". Occasionnellement, ils envahissent un corps animal, assujettissent l'esprit de l'hôte en invoquant la force majeure t en réorganisant la chair et les os afin de ressembler davantage à ce qu'ils se rappelaient voir dans le miroir. On les appelle "lycanthropes" ou "garous" et, si l'on a une once de jugeote, on les évite comme la putain de peste.
    Mais voici le prodige: pour chacune des ces multiples formes de revenants, il y eut des gens comme moi pour délester les vivants de leur charge et partir combattre les morts, avec la volonté et la faculté de les renvoyer ad patres. Les exorcistes."***

    C'est donc son fond de commerce, ce don. Et il a du pain sur la planche car il se doit d'honorer la mort de son collègue et copain qu'il a lâchement abandonné. Il va alors tomber dans une histoire plus que tordue, genre la résolution d'un puzzle 10 000 pièces minimum à encastrer en 24 heures, il ne sait pas toujours où il met les pieds et le dit si bien:
    ***"Comme nous ressortions pour retrouver la blancheur du soleil et la lourdeur de l'air, je me figurai des ficelles de pantin pendillant d'entres les nuages, attachées à mes bras et mes jambes. Si jamais je trouvais qui tirait ces ficelles, je les lui nouerais autour du cou et serrerais très fort."***
    C'est le type même d'intrigue impossible à raconter, tellement il y a de ramifications, les différentes affaires se croisent, s'entrecroisent...et pourtant cela se lit tout seul. Que dis-je, cela se dévore tant il y a de l'action, de la baston.

    Les personnages sont hors-normes, outre notre exorciste-détective! Mention spéciale pour Nicky, le zombie avec tous les efforts qu'il fait pour maintenir son corps mort en état de fonctionner (les explications scientifiques valent leur pesant de cacahouètes, et le pire c'est qu'elles tiennent la route!!!)

    L'humour de Mike Carey dans les commentaires, les descriptions, est excellent sans qu'il y en ait de trop. Exemple: description d'une infirmière (qui aurait pu être une cuisinière ;) )
    ***"Elle était âgée d'une quarantaine d'années et carrée comme une armoire victorienne: un quadrilatère massif avec un unique volume indifférencié de poitrine en guise d'étagère principale."***

    Quant aux dialogues, ils sont tout simplement succulents! Ils m'ont valu plus d'un fou rire, et franchement ça fait du bien! Allez, encore un extrait pour la route!
    Suite d'une bagarre entre Moloch (un démon) et Felix Castor...
    ***"Pivotant la tête, je rencontrais son regard fixe, imperturbable. La démonstration de force avait fait son effet: mon coeur battait la chamade et je n'avais plus de salive.
    - Je préfère en rester là, grinça-t-il. Je me contentais de... me souvenir. Je me rappelais le bon vieux temps. Mais il est révolu, à présent. Le temps est fini où je pouvais trôner sur un siège fait des intestins de mes ennemis et me repaître de ta malheureuse espèce. Cet été-là ne reviendra pas.
    - C'est trop con...approuvai-je en m'efforçant de conserver un ton égal. Mais où sont passées les tripes d'antan?"***

    Une longue chronique mais parce que je ne pouvais pas faire autrement que d'y glisser quelques extraits (***)